FAQ

Pourquoi la couleur ?

Je vis en couleur, par et à travers elle.

La couleur est bien plus qu'une simple nuance ou une teinte dans mon univers. Elle est une force vitale qui guide et donne un sens profond à mon existence. Ma connexion avec la couleur est intime, presque organique, elle peut être comparée à la relation passionnée que certaines personnes entretiennent avec la musique.

Les couleurs exercent une influence incommensurable sur notre quotidien. Elles éveillent des souvenirs, donnent vie à notre langage, et nourrissent notre imagination artistique. À mon humble niveau, je trouve une source inépuisable de joie à les faire naître chaque jour dans mes chaudrons magiques.

C'est un processus qui ne connaît jamais de fin, une quête perpétuelle. Il y aura toujours une nouvelle couleur à découvrir, à capturer, à intégrer dans cette symphonie visuelle qui est ma passion. La couleur est le fil conducteur qui tisse les émotions, les récits et les moments de nos vies, et je m'efforce de célébrer cette beauté infinie à travers mon travail.

D'ou vient cette passion ?

C'est un héritage familial auquel j'ai été initié dès mon enfance. Mon grand-père était un architecte industriel, un des pionniers de l'ergonomie, l'un de ceux qui ont rapidement compris le rôle et l'influence de la couleur dans les environnements de travail. Ma grand-mère, quant à elle, était l’ambassadrice des plus grandes maisons de la Soirie de Lyon pour lesquelles elle a parcouru le monde entier.

Je me souviens de son bureau, littéralement enseveli sous une avalanche de nuanciers multicolores de crêpe, taffetas, organza et satin. Elle avait un pied dans la mode et l'autre dans le domaine de la décoration intérieure. Elle avait une profonde admiration pour David Hicks, qu'elle visitait fréquemment, toujours vêtue de Missoni ou de Rykiel. Ils partageaient un amour inconditionnel pour la couleur. David Hicks s’amusant à proclamer "les couleurs fades sont pour les gens fades". C'était une époque où la couleur régnait en maître, celle de la "vie en Kodachrome" !

Ma mère a poursuivi cette tradition, oscillant entre Paris et New-York. Elle est restée imperméable à l'ascension du blanc monacal ou de l'avènement du noir en tant qu'uniforme et nouveau code vestimentaire dans le monde de la mode. Elle se tournait vers Gaultier, Castelbajac, arborait des créations de Kenzo et admirait Jonathan Haler, qu'elle considérait comme l'héritier de David Hicks. Elle était modestement active dans le domaine des arts décoratifs, utilisant des techniques artisanales traditionnelles telles que la tôle peinte ou la porcelaine de Sèvres pour y injecter des couleurs pop, intenses et joyeuses. Chez nous, il n'y avait jamais de porcelaine blanche, de draps blancs, de murs blancs, ni de mobilier noir, gris ou beige !

Pourquoi les fils de laine ? 

Pour sa texture envoûtante ! En Haute-Couture, les collections de maille m'ont toujours semblé les plus spectaculaires. La laine est l'un des plus anciens artisanats textiles de l'humanité, bien avant l'invention des métiers à tisser. Avec elle, nous préservons les gestes ancestraux de bergers veillant sur leurs troupeaux, du filage à la teinture en passant par le tricotage. C'est fascinant de renouer avec cette richesse héritée de tous les temps et de tous les pays, puis de la transmettre à notre tour.

C'est par respect pour cet art millénaire que j'ai choisi délibérément de ne teindre que des laines d'exception, sans synthétiques, sélectionnées parmi les meilleurs fournisseurs. Merino, alpaga, soie, cachemire, yak, mohair : des laines résistantes et d'une douceur telle qu'elles peuvent être portées comme une seconde peau.

J'apprécie particulièrement le mélange des textures : travailler sur un même projet avec une laine lisse et brillante aux côtés d'une autre plus rustique. Jouer avec des fils retors, câblés, des fils mèches ou bouclés, intercaler un halo de mohair d'un rang à l'autre. Dans mon travail, jouer avec les textures est tout aussi essentiel que la variété des couleurs.

Dans ce domaine, il existe de grands artistes, du célèbre Kaffe Fassett à Stephen West, en passant par Brandon Mably, bien loin de l'image usée du tricot de nos grands-mères. Vous pouvez constater l'essor de ces "cafés tricots" dans nos grandes villes, où la nouvelle génération à laquelle j'appartiens redécouvre dans cet artisanat un mélange de tradition et d'ancrage d'un côté, et de création et d'innovation de l'autre."

Pourquoi teindre ?

Pour cette immense joie du fait-main ! C'est une célébration de l'intelligence des mains dans un monde où tant de tâches sont dévolues aux machines. Le fait-main incarne le véritable luxe de demain : il unit le savoir-faire artisanal à une profonde implication émotionnelle et affective. C'est presque un manifeste politique, une réponse au consumérisme effréné et à la fast fashion qui prévalent dans notre société.

Lorsque je traque les couleurs au-dessus de mes chaudrons, j'emploie des techniques de teinture traditionnelles, utilisant des pigments hautement saturés pour obtenir des résultats d'une luminosité éclatante. Cependant, je n’hésite pas à innover avec quelques astuces personnelles afin de donner à chaque écheveau un caractère original et unique

Chacun de mes écheveaux est conçu avec passion, minutie et patience. À la fin du processus de séchage, je reste émerveillé, car c'est à ce moment-là que chaque fibre confère une vie particulière à chaque couleur, créant une magie qui me fascine sans cesse.

J'adore mon métier, et j'aime le projet que je partage avec vous : celui de vous offrir un univers empreint de douceur et de couleur. C’est ma manière de célébrer la beauté et la singulière vibration qui réside dans chaque nuance.